Page 20 - Flipbook 5-2013 FR[1]

Les fêtes de fn d’année et leurs myriades de cadeaux luxueux étalés en vitrine sont une occasion de nous pencher sur le phénomène du luxe dans notre secteur favori : celui du vin. Mais de quel vin parle-t-on, quand on parle de luxe ? Que signife « luxe» pour un amateur de vin ? En posant une diférence entre ces 2 questions, je lève déjà le voile sur une partie de mon raisonnement.

Commençons par le commencement et essayons de défnir le sens donné au terme «Luxe». Les défnitions du luxe sont en fait très nombreuses.

La notion la plus courante du luxe fait référence à une notion de prix et sert la plupart du temps de marqueur social. Suivant cette interprétation du luxe, plus l’objet deviendra inaccessible, plus il sera luxueux. Le Luxe peut également être associé à un domaine d’experts et de connaisseurs. Avoir accès aux secrets de ces personnes initiées peut devenir un luxe, en soi. La notion de luxe peut aussi être associé à une notion d’esthétisme, d’art et par association de rareté. Enfn le luxe est considéré par certains d’abord et avant tout comme un art de vivre dont l’objet principal est le bien être et l'hé-donisme. Dans cette approche, le luxe n’est pas exclusivement lié à un prix, il est même accessible en terme pécunier mais il devient luxe par sa rareté : le temps, par exemple, devient luxe.

Avant d’être associé au vin, le luxe est d’abord associé au monde des spiritueux. Il est ensuite associé aux champagnes et seulement après associé aux vins tranquilles. Chaque année, la WLA-World Luxury Association -association spécialisée dans le marché du luxe- dévoile ses lauréats dans diférentes catégories. Dans la catégorie ’vins et spiritueux’, on trouve d’abord 3 marques de Cognac (L'or De Jean Martell, Louis XIII, Richard Hennessy). Une marque de Whisky (Maccelan) et une marque de rhum (Ron Zacapa) côtoient ensuite 2marques de Champagne (DomPerignon&Perrier-Jouët).

Enfn, seulement 2 vins fgurent dans ce top 10 : le célèbre Château Petrus Wine et le Château Lafte Rothschild.

Il faut bien reconnaître que dans le secteur des vins, les Cham-penois sont les rois pour exploiter les codes du Luxe. Je pense, en autre, à la célèbre marque Veuve Cliquot qui régale nos yeux avec de luxueux cofrets ultra ‘class’. Dans la catégorie cofret de luxe, la palme du chic revient en ce moment à laMaisonDomPérignon qui s’est associée à l’artiste Jef Koons pour présenter sa Balloon Venus. Disponible à 650 exemplaires, chaque Venus est vendue au prix de 20 000 dollars.

Nous sommes ici au cœur de la notion de Luxe-statut associé au monde de l’art. Dans la catégorie Bling Bling, la médaille pourrait revenir à la marque Armand de Brignac (la marque préférée des rappeurs). Il n’est plus question de parler de luxe artistique cette fois mais plutôt uniquement de luxe fnancier puisqu’un clubbeur n’a hésité à dépenser 330.000 £ dans un boîte de nuit de Monaco pour une seule bouteille de ce champagne (certes, il s’agissait d’un ‘Midas’ de 30 litres).

La quintessence du luxe-argent revient, paraît-il, à la marque Goût de Diamant dont une bouteille (75 cl) vient d’être vendue pour la modique somme de 1,4 millions d’euros. Évidemment, aussi bon qu’il soit un champagne ne peut, à lui seul, justifer ce prix. Pour comprendre le prix, il faut se tourner vers la bouteille et son étiquette en or massif, garnie d’un diamant 19 carats, réalisée par le designer Alexander Amosu.

Revenons sur terre et descendons d’un niveau. En dehors de ces délires extrêmes, le site hufngtonpost.fr nous apprend que sur les 50 vins les plus chers du monde, la Bourgogne rafe la mise avec pas moins de 37 vins (dont 31 Côtes de Nuits). N°1 : la cuvée Riche-bourg Grand Cru d'Henri Jayer, avec un prix de vente moyen s'éle-vant à 12.160 euros la bouteille

Étonnamment, on ne retrouve dans ce classement que 3 vins de Bordeaux (Pétrus, à nouveau (2.240 euros), suivi par Le Pin (1.950) et Lafte Rothschild. Je dis étonnamment car en commençant cet article, j’avoue avoir eu d’abord, en arrière plan, l’image des Grands Crus Classés de 1855. Ceux-ci demeurent en efet, à mon sens, une forme importante de luxe pour les amateurs de vins, même si le plus regrettable dans l’histoire, c’est que le plupart des gens qui les consomment ne sont mêmes pas capables d’en apprécier la subtilité. Mais il est temps, pour clôturer cette réfexion sur le luxe & le vin, d’arrêter de parler de design et de sommes astronomiques. Car le vrai luxe de tout amateur de vin n’est certainement pas de s’ache-ter un cofret signé Jean-Paul Gauthier. Le vrai luxe, réside, à mon sens dans la possibilité de déguster des vins rares, rares parce que les hommes d’exception qui les ont faits ont su magnifer le terroir qui leur a été confé. Ce luxe-là est accessible, souvent pour moins de 100 euros, parfois pour un peu plus. C’est là que réside, à mon sens, le seul vrai luxe de l’amateur de vin : pluriel, accessible et surtout à condition qu’il soit partagé.