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« Previous Page Table of Contents Next Page »VINO: Mais le plus diffcile a proba-blement été de parvenir à vendre le champagne à un prix correct...
CAROL DUVAL-LEROY: Je me suis dit: “Le nom Duval-Leroy fgure sur notre porte, donc nous allons proposer notre champagne aux clients sous ce nom.” Bien entendu, nous étions un petit ac-teur, sans budget publicitaire. J’ai large-ment misé sur l’export et sur la restau-ration. Nous sommes partenaire de la sommellerie et sponsorisons notam-ment le “Trophée du meilleur jeune sommelier de France ”et le meilleur sommelier d’Europe. Aujourd’hui, Duval-Leroy est présent chez de nombreux restaurants étoilés du monde. Nous avons réalisé de gros efforts à l’exportation en ouvrant des fliales en Belgique, en Angleterre et en Allemagne, ainsi que plus récem-ment aux Etats-Unis et à Singapour. Résultat: jadis, l’export représentait 10% de nos ventes, et il en représente 60% aujourd’hui. Il faut travailler et s’investir, mais c’est la seule manière de réussir !
VINO: Vous vous êtes entourée de plusieurs femmes à des postes impor-tants. Cela vous vaut-il une étiquette de féministe dans le milieu du vin?
CAROL DUVAL-LEROY: Cela ne me dérange pas, mais je ne pense pas que je passe pour une féministe. Il est vrai que je défends les femmes. On oublie le tra-vail que les femmes font en coulisses. Et à mes yeux, les femmes ont l’avantage de ne pas faire les choses à moitié. Lorsqu’une femme a un projet en tête, elle va au bout des choses et ne s’arrête pas avant qu’il ait abouti. Mon chef de cave est une femme et c’est un choix mûrement réféchi : non seulement, elle fait très bien son travail, mais le champagne a également besoin de féminité. Ce n’est pas un hasard si les femmes ont joué un rôle important dans l’histoire du champagne : Veuve Clic-quot, Lily Bollinger, …
VINO: Votre cuvée de prestige ne s’appelle pas pour rien Femme de Champagne...
CAROL DUVAL-LEROY: La famille DU-VAL-LEROY cultive un domaine d’excep-tion à la pointe de la Côte des Blancs, terre des grands chardonnays. C’est le char-donnay qui offre la lumière, la fnesse et la pureté à nos champagnes. «Femme de Champagne» en est la représentation la plus absolue. Pour nous, elle a aussi une
valeur sentimentale. Jean-Charles vou-lait la baptiser ‘Domaine’, mais puisqu’en 1991, j’étais la seule femme à diriger une maison de champagne, c’est devenu «Femme de Champagne». Les initiales de nos enfants fgurent la bouteille. Elle est aussi proposée en magnum et en demi-bouteille. Je crois beaucoup aux demi-bouteilles, parce que c’est le format idéal pour une consommation plus libre, plus féminine et… elle est si belle !
VINO: Quelle est votre position dans le débat sur le terroir? Un cham-pagne de marque peut-il faire réfé-rence à un terroir, alors qu’il s’agit de l’assemblage de tant de vins diffé-rents?
CAROL DUVAL-LEROY: Il y a un peu des deux. Bien entendu, l’assemblage est cru-cial pour un champagne. La Champagne se compose d’un nombre incalculable de petites parcelles. Il est donc diffcile de faire du volume sans assembler. Cepen-dant, l’aspect terroir est tout de même important pour nous. Nous vinifons tous nos vins en fonction de leur par-celle: 300 cuves distinctes de 45 à 500hl! Le terroir joue donc un rôle dans les composantes de chaque vin. Et pour en revenir à la cuvée de prestige Femme de Champagne, un millésimé, la sélection parcellaire est en l’occurrence très sévère. Le vin n’est élaboré que dans les années exceptionnelles – le plus récent date de 2000 – et le dosage est limité à 6 gr/l. Ce sont tous des éléments qui permettent au terroir de s’exprimer pleinement.
Vino: Vous avez été parmi les pre-miers à croire au potentiel du cham-pagne rosé. Selon vous, le champagne rosé est-il une mode ou une véritable tendance?
CAROL DUVAL-LEROY: C’est une ten-dance durable, même dans les régions françaises qui sont connues pour leur rosé, d’ailleurs. Nous avons un merveil-
leux champagne rosé. Issu de saignée, c’est une cuvée aérienne et raffnée. Oui, je crois à la magie de ce champagne. Il convient bien à la cuisine asiatique mo-derne et c’est tout bonnement un plaisir de le boire. Au Japon, les femmes par-tagent le bonheur de déguster une bou-teille de champagne rosé, tout simple-ment entre elles. C’est comme cela que cela doit être! Généreux et élégant.
Vino: Vous produisez déjà deux champagnes bio. C’est une autre tendance durable?
CAROL DUVAL-LEROY: Il n’y a pas que des raisons commerciales à cela. Cela fait d’ailleurs déjà dix ans que nous élaborons ces champagnes. C’est une démarche globale pour le respect de l’environnement, un es-prit de sensibilisation afn de ne pas mettre des produits chimiques par excès.
Bio ou pas, nous pratiquons la lutte raisonnée dans tous nos vignobles. Par conviction, et parce que nous voulons transmettre notre patrimoine à nos en-fants.
Vino: Vos enfants ont-ils envie de se lancer dans l’aventure du vin?
CAROL DUVAL-LEROY: Oui, ils sont fort intéressés. Julien, l’aîné, est secrétaire-général de Duval-Leroy. Charles, 28 ans, s’occupe du marketing et de la communi-cation. Louis, le cadet, commence mainte-nant en tant que responsable commercial. Par ailleurs, j’ai aussi un beau-fls qui a ou-vert un bureau d’importation en Chine où il veut rester habiter. Bien sûr, il y importe Duval-Leroy, mais également d’autres vins.
Vino: On dit que vous avez accompli davantage en 20 ans que tous vos pré-décesseurs en 150 ans, mais vous-mê-me, quand serez-vous satisfaite?
CAROL DUVAL-LEROY: Moi, satisfaite? Jamais. Il faut toujours vouloir aller de l’avant. Mais ce qui me réjouit, c’est que je suis une maman heureuse ainsi qu’une PDG comblée. Et je persiste à croire que Jean-Charles nous aide à être heureux.
Vino: Question importante: com-ment allez-vous fêter ce titre?
CAROL DUVAL-LEROY: Avec une bou-teille de Femme de Champagne, bien entendu!
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‘A mes yeux, les femmes ont l’avantage de ne pas faire les choses à moitié’
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