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Carol Duval-Leroy, née Carol Nilens, a vu le jour à Uccle d’un père famand et d’une mère wallonne. Elle a grandi à Tervuren, où elle ne pensait évidemment pas qu’elle voyagerait un jour au Japon pour y pro-mouvoir ses propres champagnes ! Elle est la mère de trois enfants devenus adultes et son mari, Jean-Charles Duval-Leroy, était jeune lorsqu’il a disparu. A cette époque, elle-même n’avait qu’un seul lien avec la viticulture: elle gérait l’intendance pour les vendangeurs (environ 250 personnes à l’époque). Son parcours n’en est que plus remarquable. Depuis lors, elle a été nommée à la tête de l’Association Viti-cole Champenoise, elle a élargi les canaux de distribution de sa marque (distribuée jusque là essentiellement pour des ‘private labels’) et elle a doublé la production. Ca-rol Duval-Leroy est-elle donc devenue une vraie Champenoise, ou y a-t-il encore un peu de patriotisme dans le cœur de cette femme dynamique?

 

VINO: A quel point Carol Duval-Le-roy est-elle encore belge?

CAROL DUVAL-LEROY: “Je suis encore totalement attachée à la Belgique et aux Belges. J’ai d’ailleurs dû effectuer bien des démarches administratives pour pouvoir conserver ma nationalité belge. J’aime la mentalité belge. Je suis aussi royaliste. J’étais en compagnie de mes enfants à Walibi lorsque nous avons appris le décès du Roi Baudouin. A l’époque, j’ai fait la fle avec la foule au palais royal pour montrer à mes enfants le respect que nous avons tous Flamands ou Wallons pour ce roi qui a tant fait pour son pays.

Je n’ai jamais connu une telle chose en France où les personnages publics, même les plus affables, ne bénéfcient pas du même respect. Mes propos peuvent sem-bler durs à l’égard de la France, mais j’ai toujours été franche et directe.

Les Belges viennent nous saluer en Champagne parce que je suis Belge et parce que le drapeau belge est hissé de-vant le siège social de Duval-Leroy, ce qui est aussi typiquement belge.

 

VINO: Durant toute l’année?

CAROL DUVAL-LEROY: Sauf le 14 juillet, pour faire plaisir au maire de Vertus.

 

VINO: On trouve aujourd’hui Duval-Leroy via de nombreux canaux de distribution. C’est réellement devenu une marque forte. A-t-il été diffcile de la sortir de l’anonymat ?

CAROL DUVAL-LEROY: On pourrait avoir l’impression que j’ai tout imaginé toute seule, mais mon mari Jean-Charles avait déjà tracé la voie vers plus de qualité et vers une marque forte. Le déf était déjà clair avant son décès, mais il n’était pas évident à relever. En fn de compte, nous ne sommes qu’un acteur modeste.

 

VINO: On raconte que votre permis de chasse a été votre principale arme au début…

CAROL DUVAL-LEROY: C’est vrai, j’avais obtenu ce permis parce que je voulais ac-

compagner mon mari dans les moments où il proftait de la vie. En Belgique, il suf-ft de rouler une heure pour être à la mer ou dans les Ardennes. La Champagne est une région plus isolée et les sports n’y sont pas les mêmes qu’en Belgique. Et grâce à ce permis, j’ai pu rester en contact avec des personnes infuentes dans la ré-gion. Mais maintenant, je ne chasse plus.

 

VINO: Au début, était-ce un avantage d’avoir un regard neuf et frais sur le monde du champagne ? Un regard venu d’ailleurs.

CAROL DUVAL-LEROY: Je pense que ce fut un atout. Mais je ne mérite pas tous les lauriers. Mon mari avait tout bien préparé. Lorsqu’il s’affaiblissait, je lui ai promis de tout faire pour transmettre Duval-Leroy dans les meilleures condi-tions qui soient aux enfants. Avant cela, il avait déjà fait promettre aux principaux collaborateurs qu’ils ne me laisseraient pas tomber. Ceux qui ne voulaient pas continuer à travailler avec moi pouvaient partir. Tout le monde est resté et a tenu parole. Je n’ai pas changé les principes de la maison : nous sommes très proches du vigneron. C’est aussi la raison pour laquelle nous sommes restés à Vertus. Nous n’avons pas grandi en reprenant d’autres maisons et en déménageant à Epernay ou Reims, mais en prenant des vignobles en exploitation (au total 200 ha en exploitation propre ou en propriété) et en signant des contrats fxes avec des vignerons. Au total, nous avons en effet besoin de 600 ha.  

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Le trophée de la Belgian Wine Personality of the Year est décerné cette année par Vino Magazine à Carol Duval-Leroy. La rédaction et la direction de Vino ! se sont basées sur les réalisations de l’année écoulée (2011), et il faut bien avouer qu’elles ne passent pas inaperçues: en 2011, Carol Duval-Leroy a fêté ses vingt ans à la barre de Duval-Leroy. Durant cette période, elle a doublé les ventes, qui sont passées de 2,5 à 5 millions de cols, elle a lancé la prestigieuse cuvée ‘Femme de Champagne’, elle a fait de Duval-Leroy une marque forte et elle a été élue Présidente de l’Association viticole champenoise. En signe de reconnaissance, elle a accepté l’an dernier un mandat de vice-présidente. Grâce à elle, en 1994, Duval-Leroy a été la première maison de Champagne à obtenir le label ISO 9002 pour sa démarche Qualité. En 2010, Duval-Leroy a été la première maison de Champagne à obtenir la triple certifcation IFS, BRC et ISO 22000 en matière de sécurité alimentaire. En 2011, la maison a célébré le 100 e anniversaire du lancement par Raymond Duval-Leroy du premier champagne 1er Cru, le Duval-Leroy Fleur de Champagne. Cerise sur le gâteau, c’est ce champagne que le roi Albert II a servi en décembre 2011 aux nouveaux membres

du gouvernement qui venait d’être formé. Excusez du peu!

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