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Nombreux sont ceux qui disent que le vin est une boisson comme beaucoup d’autres, produite par des professionnels qui savent comment cultiver la vigne et vinifer les raisins et qui, avec l’aide d’une bonne stratégie de marketing, font en sorte que le consommateur apprécie leur produit. Ils ont sans doute raison, puisque les vins les plus vendus sont des vins de marque. D’autres soutiennent que le vin est le résultat de l’interaction d’une plante avec son environnement, le rôle de l’homme consistant tout simplement à permettre l’expression d’un terroir. Ils semblent également avoir raison: les vins les plus prestigieux sont des vins de ter-roir.
Peut-être que les deux opinions sont honnêtes mais un peu intéressées. Les propriétaires des marques ont tout inté-rêt à faire valoir leur savoir-faire et leurs capacités productives comme les atouts les plus importants. Les viticulteurs, par contre, retrouvent leur force dans le ca-ractère inaliénable du terroir.
En réalité, il n’est pas possible de faire du bon vin dans un site médiocre. Mais les vignobles les plus côtés sont aussi la conséquence du travail dur et intelligent de professionnels doués, souvent pendant quelques générations.
Depuis que l’Eglise n’est plus un impor-tant producteur de vin, la production de gros volumes de vins de terroir reste en grande partie dans les mains des familles. Celles-ci sont les seules entités écono-miques qui gardent la capacité de sacrifer le proft présent pour le bien-être de la génération suivante. Ceci explique qu’un grand nombre de terroirs privilégiés sont aux mains d’une poignée de familles. J’ai assisté récemment à Londres à la dé-gustation annuelle de Familiae Vini Pri-mum, une association comprenant onze familles européennes représentatives de ce concept. Tout membre bénéfcie des efforts de ses ancêtres et désire laisser quelque chose de mieux à ses enfants. Chaquemembre présentait entre six et dix vins ; faute d’espace, je n’en mentionne qu’un. La Cuvée Winston Churchill 1999 de Pol Roger, la famille champenoise la plus connue, était une fête pour les sens,
riche et complexe, encore très jeune. Mon préféré chez Drouhin a été le Beaune Clos des Mouches blanc 2009, un des meilleurs blancs bourguignons du millésime, puis-sant, rond.
Diffcile de sélectionner un seul vin du
Hugel&Fils , tant le niveau de la gamme est bon. Je prends le Pinot Gris Tradition 2008, très équilibré en dépit de son opu-lence. Par contre, avec la famille Perrin , pas d’hésitation, leur Château de Beau-castel 2009 est un concentré de terroir et de savoir-faire, magnifque. Sans doute, le Château Bela slovaque d’ Egon Müller n’est pas son vin le plus prestigieux, mais je voudrais quand même reconnaître un des producteurs allemands les plus classiques qui est capable de se réinventer dans un terroir différent, avec un vin sec, minéral, stylisé, long.
La liste de grands vins d’ Antinori est longue, mais je pense qu’il est juste de prendre le Guado al Tasso 2008, raffné, presque baroque, avec des tanins très fne-ment grainés. Dans un autre style, pour-tant très toscan, Tenuta San Guido offre le Sassicaia 2008, un prodige de concentra-tion et d’équilibre, qui se bonifera pen-dant au moins 25 ans. Mes compatriotes
Torres ont récupéré la grande classe du Milmanda avec le 2008, avec un boisé très bien maitrisé et le fruit complexe des meilleurs chardonnays.
Le vin qui m’a ému le plus a été le Valbue-na 2006 de Vega Sicilia . Pour moi, c’est le meilleur Valbuena jamais produit. C’est un grand premier vin, qui n’a rien à voir avec l’Unico, ouvert et profond, complexe et expressif, avec une fnale anthologique.
Ch. Mouton-Rothschild sont venus avec leur 2004, pas le meilleur Mouton, mais un des meilleurs 2004 en Médoc. Prêt à boire, se bonifera encore pendant dix ans.
Je fnis avec un vin proche de la perfection, le Graham’s 40-Year-Old Tawny de la fa-mille Symington. Il est comme les grands amours, si riche, si plein de nuances, si in-tense quand on le boit, qu’il donne encore plus de plaisir dans la mémoire que dans la bouche. Donc, il faut le boire!
Pedro Ballesteros MW
Pedro Ballesteros est Ingénieur Agronome, Master
en Viticulture et en Oenologie, Weinakademiker à Geisenheim et il est un des trois «Masters of Wine» qui habitent la Belgique.
Familles du vin
B A L L E S T E R O S
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