Page 13 - Flipbook VINO FR 1-2012

Une variante de la garnacha, en vogue chez certains viticulteurs car elle est moins alcoolisée que la garnacha classique. La peau possède également moins de pigments. Le nom (‘peluda’) provient de la face inférieure ‘poilue’ de la feuille du pied.

«Acustíc» signife en effet ‘acoustique’ et est en cata-lan environ l’équivalent de «unplugged»: sans moyens techniques. «Je ne cherche pas à produire le meilleur vin du monde,» nous explique le directeur et propriétaire

Albert Jané , «je veux seu-lement produire le meilleur vin possible de la région. Dès lors, je ne travaille qu’avec des cépages autochtones: le samso (=cariñena) et le gar-natxa.» Il n’a démarré qu’en 2004 avec un petit capital et a grandi lentement et pas-à-pas. Il a pu acquérir une parcelle de 2 hectares, située à proximité de la bodega à Marça et plantée de pieds de gar-nacha vieux de 69 ans. Les 2 hectares ne produisent que 2000 kg de raisins. La parcelle est plantée en vaso’s (gobelet) et ne peut être travaillée qu’avec une mule. Il va également chercher des raisins provenant de régions plus élevées, au-dessus de 800 m. «Ce n’est pas facile: trois heures de route en tracteur, à partir de la bodega, ce n’est pas rien,» nous fait remarquer Albert.

Il aime la garnacha. «Je l’appelle la princesse parmi les cépages.

Féminine avec une très grande fnesse, lorsqu’on lui accorde suff-samment d’attention.» Et elle embellit avec les années. Nous avons rencontré Albert en pleines vendanges. Devant la porte se trouve un semi-remorque refroidi de 30 tonnes pour maintenir les raisins vendangés au frais en attendant le tri et une première macération. Les vins sont légèrement clarifés, les vins rouges ne sont pas fl-trés. Depuis 2007, il produit également du vin blanc.

notes de dégustation:

• Acústic Blanc 2010 (pas de bois, pas de fermentation malolac-tique, 65% de grenache blanc) très foral, fruits blancs séchés. Plus expressif en bouche et une large palette, surtout en fnale, avec une note intense d’épices.

• Acústic 2009 (60% samso (=carignan), 40% garanacha). Une fraî-cheur remarquable, de beaux fruits rouges. Gras en bouche, cré-meux, piquant, une fnale d’herbes sauvages.

• Bráo 2009 (70% samso, 30% garnacha ; 40% de chêne nouveau). Un nez avec de la profondeur et de la complexité, de la violette, de petits fruits sauvages. Gouleyant, pur, une structure immense. Un vin avec une harmonie déjà complète à l’heure actuelle. • Auditori 2009 (100% garnacha & garnacha peluda - production: 3500 bouteilles). De la pureté, de la force et une texture soyeuse. Rond en bouche, épicé, velouté, crème, noix torréfées. Séducteur jusqu’à la fnale. Un travail de maître.

En suivant la Méditerranée vers le sud, nous parcou-rons 300 km jusqu’au Le-vant et les vignobles d’Utiel-Requena. Nous y trouvons le ‘chaînon manquant’ entre Montsant et Méntrida-Ma-drid: des vignobles de gar-nacha de 35 ans, en posses-sion de Vicente Gandía.

Une partie de la produc-tion chez ce géant se fait maintenant de manière bio-logique, ne serait-ce que pour le marché américain, particulièrement sensible à ce mode de production. La garnacha suscite moins d’enthousiasme ici. L’œno-logue principal ne ‘sent’ pas bien ce cépage et ne l’utilise que pour le rosé. Une raison claire est à l’origine de ce fait. Valencia et Utiel-Requena travaillent depuis quelques années plus intensivement avec le raisin local, le bobal.

est fer de sa technique de clarifcation, sans blanc d’œuf, encore un détail important pour les Américains. «Le grenache provenant de pieds de 30 à 35 ans faisait partie de notre vin de pointe jusqu’en 2003 (Generación I). Quelqu’un a alors eu l’idée de remplacer la garnacha par du cabernet-sauvignon. Un jury de sommeliers a pu choisir à l’aveugle entre un assemblage avec la garnacha et un as-semblage avec la syrah. La syrah a été préférée. Exit la garnacha. Mais rien ne nous empêche de revenir en arrière un jour et de réin-troduire la garnacha.» Actuellement, la garnacha est utilisée pour le rosado. « Personnellement, je ne pense pas que c’est mieux,» ex-plique Jose Luis, «mais la garnacha est acceptée internationalement pour le rosé.» La maison nous propose une dégustation de toute une série de vins, parmi lesquels des monocépages biologiques très réussis de merlot et de cabernet, un solide Bobal Unico 2008 et un Generación I 2006 sans garnacha, mais avec du bobal, du ca-bernet et de la syrah. Le vin est bien charpenté, mais la fnale est un peu asséchante, une indication destinée aux sommeliers. Mais nous nous sommes surtout attachés au rosé, qui est actuellement favorisé par la qualité des vieux pieds de garnacha.

notes de dégustation:

• El Miracle ‘Music’ 2010. Une teinte rose-rouge. Un nez de fraise, de framboise et de fruits des bois confts. Légèrement sucré au dé-but, gras sur la langue et une texture crémeuse. Légers tannins en fnale, qui équilibrent le côté sucré, une belle fnale sèche.