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Pendant 300 km, nous tra-versons la Castilla la Man-cha, vers l’intérieur du pays, mais ce n’est que dans un coin perdu de cette province que nous trouvons les pre-miers vins de garnacha pur sang. Nous y avons rendez-vous avec Daniel Jimenez-Landi , le jeune œnologue qui nous a raconté, il y a 2 ans, la longue route par-courue par le grenache: du Nord jusque chez lui.
A la Bodegas Jimenez-Landi, on travaille à petite échelle, mais ce-pendant, cinq personnes sont occupées à temps plein par le tri de la première vendange de garnacha. «Merci de patienter une dizaine de minutes,» nous demande Daniel Jimenez-Landi lorsque nous en-trons dans la Bodega. Même José, le comptable et nouvel associé dans la société, met la main à la pâte près de la table de triage. Pen-dant que nous regardons et prenons des photos, sa nouvelle com-pagne, l’œnologue Beatriz Herranz , vient également aider. Chaque petit raisin qui n’est pas complètement intact est rejeté. Les grappes disparaissent ensuite, sans être érafées, dans la cuve de macération.
«Je fais du vin comme on fait du thé. Je laisse infuser les grappes très lentement dans le jus qui se forme. Pendant des jours, je maintiens le moût à une température telle que la fermentation ne démarre pas. Je veux que tout se passe très doucement.» En faisant infuser toutes les rafes dans le moût et en ne vendangeant pas les raisins en surmatu-rité, on obtient des vins caractérisés par une fraîcheur particulière et
tout à fait différents des garnachas de Montsant.
«Pour moi, le grenache n’est pas un cépage costaud, mais un des cé-pages les plus délicats et sensibles au terroir. Je le compare au pinot noir et au nebbiolo» . Dans ses vins, nous ne trouvons pas de notes chocolatées, de moka ou de vanille, mais des arômes d’herbes sau-vages, de fenouil frais, de pinède, de noix et de zeste d’orange. «Ceci est dû au fait que mes vignobles se situent à l’écart, dans un environ-nement végétatif naturel, souvent en montagne, où il y a beaucoup de vent. Et le vent transporte les odeurs environnantes. Ces odeurs sont absorbées par la peau des raisins. D’où l’importance d’une ma-cération longue avant la fermentation, pour extraire les arômes des peaux. Le vent est le facteur le plus sous-évalué du concept terroir.» Jimenez-Landi suit clairement un cap personnel. Il arrache chaque année plus de syrah, pour le remplacer par le grenache, même si ses vins assemblés avec de la syrah obtiennent des scores élevés dans la presse. Les clients lui donnent raison. Tout le 2009 est vendu. Le 2010 mature encore dans de grands fûts, mais tout est déjà réservé.
«Je n’ai plus rien à vendre pour l’instant,» nous indique l’œnologue. Nous avons goûté tous les vins de la barrique.
notes de dégustation:
• Piélago, Méntrída 2010 (ceps de garnacha de 60 ans, assem-blage avec de la syrah) Un nez particulièrement expressif et un nez pur d’épices, de feurs sauvages (feur d’oranger) et une texture sub-tile en bouche. Une fnale sans tanins, ni vert de rafe.
• Président, Méntrida 2010 (single vineyard garnacha) La garna-cha la plus minérale que nous n’avons jamais goutée. Très ferme et une teneur en acidité très élevée. Toute la production a été achetée par un importateur japonais.
• The End, Méntrida 2010. Un vin qui refète parfaitement les pré-occupations du jeune œnologue. Produit à partir de la garnacha de la face Nord d’une montagne à une altitude d’environ 1000 mètres. Une teinte qui rappelle celle d’un pinot noir des Côtes de Nuit. Un nez étonnamment intense de pelure d’orange, d’anis et de lavande sauvage. Soyeux et complexe en bouche. Une longueur monumen-tale ! Un vin qui justife tout le voyage.
Méntrida – Castilla La Mancha
Bodegas Jimenez-Landi
L’œnologue Telmo Rodri-guez a parcouru le monde entier et a, entre autres, tra-vaillé pour Bruno Prats à Saint-Estèphe avant de pro-duire son premier vin lui-même. Rodriguez: «Mon histoire de viticulteur com-mence par la garnacha. Le premier vin que j’ai produit était un Alma de Navarra. Un 100% garnacha. Il s’agis-sait d’une sorte d’acte de résistance. Je m’opposais au fait que la garnacha était arrachée, au proft des ‘cépages nobles’. Parker a appelé mon vin le ‘Rayas espagnol’. Ce n’était que mon premier fait d’arme et j’avais déjà remporté une grande bataille.» Ensuite, Tel-mo a investi dans toute l’Espagne dans de vieux vignobles, plantés de cépages autochtones. A Cebreros et dans la Sierra de Gredos, il a retrouvé son premier amour: la garnacha.
«Il est amusant de constater qu’une nouvelle génération travaille à Cebreros, qui met tout son enthousiasme au service des vins à base de garnacha. Je suis honoré d’avoir été un catalyseur pour eux. Le fait que j’investisse le premier m’a également permis d’acheter une
grande partie de ce qui restait de vignobles précieux, déjà dans les années ‘90. J’ai découvert Cebreros, il y a environ 20 ans, lorsque je sillonnais l’Espagne en compagnie de mon père, le long de Caña-das, d’anciennes routes non asphaltées utilisées pour déplacer le bétail. En découvrant la pureté des vignobles, j’ai cru être revenu au Moyen-âge.»
Beaucoup se demandent d’où vient le nom Pegaso. «Cela n’a rien à voir avec Pégase, le cheval ailé de la mythologie,» nous explique Telmo, «mais avec la marque de camions espagnols Pegaso, de ré-putation populaire, fables et indestructibles, pour moi l’ADN du vin de garnacha.»
Telmo ne produit qu’un seul vin à Cebreros: le Pegaso lui-même, un de ses vins les plus chers et son joyau absolu. Parfois, la pro-duction ne représente que 2000 bouteilles. Le processus de fer-mentation est totalement naturel. On laisse faire la nature. Il faut parfois 2 ans avant que le vin ne soit complètement fermenté.
notes de dégustation :
Telmo Rodriguez Pegaso ‘Barrancos de Pizzara’ 2008. Un arôme intense. Large et parfumé. Ferme, piquant et épicé en bouche, un peu d’alcool non fondu. Une fn de bouche sèche avec un retour de noix. Un vin qui mérite encore un peu de repos.
Cebreros – Castillay Leon
Telmo Rodriguez ‘Pegaso’
Le vent est le facteur le plus sous-évalué dans le terroir
Daniel Jimenez-Landi
Tous les vins sont commercialisés sous l’appellation «Méntrida» mais ses meilleurs grenaches, ceux dont il produit par exemple son cru de pointe «The End», proviennent d’un secteur situé à 40 km, à la limite des provinces de Madrid et d’Avila. Nous parcourons avec lui la route sinueuse vers ses meilleurs vignobles dans la Sierra de Gredos, entourés de pins, de chênes nains, de broussailles et d’herbes sauvages. Son vignoble le pus élevé, situé à une altitude de 1000 m et de seulement un hectare, est isolé à l’extrémité d’une petite vallée. Aucune présence humaine à perte de vue, parfois un aigle ou un sanglier. A proximité se trouvent également les vignobles Pegasode Telmo Rodriguez.
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