Page 60 - Flipbook VINO 5-2011 FR (2)

Coburg Single MaltWhisky

Depuis sa plus tendre enfance, Etienne a la passion de la distillation. Ses parents étaient spécialisés dans la préparation du « Peket », une variante wallonne du genièvre. Très jeu-ne, il décide de suivre les traces de son père. Toute sa formation scolaire sera d’ailleurs imprégnée de l’art de la distillation. Une fois son diplôme en poche, Etienne travaille en tant qu’apprenti dans différentes distilleries en Belgique et en France. Avec les économies qu’il a gagnées à la sueur de son front, il ne s’achète pas une voiture tape-à-l’œil comme la plupart des jeunes, mais fait l’acquisition de deux alambics mobiles de type Charentes, qui ont déjà plus d’un siècle d’âge. Durant ses temps libres, Etienne commence à ex-périmenter fruits et grains, non sans succès d’ailleurs. En 1997, il crée sa propre distille-rie à laquelle il donne le nom de « Lambi-cool ». Son style novateur, qui consiste à mélanger des distillats à des jus de fruits, lui procure une reconnaissance locale. Mais

tout bascule un vendredi de 1999, lorsque la presse quotidienne belge annonce l’existence d’un single malt de 12 ans d’âge, inconnu et jusque-là gardé secret. Une pleine page de publicité vante le « Cobourg » - une allusion à la maison royale belge « de Saxe-Cobourg et Gotha » - et offre une bouteille gratuite aux 500 premiers lecteurs qui se manifestent. Le succès est immédiat : la centrale téléphoni-que vire au rouge. En 72 heures, pas moins de 30.000 Belges téléphonent pour réclamer leur bouteille gratuite de whisky belge. Le lundi suivant, il s’avère qu’il ne s’agissait que d’un exploit marketing. Il n’existe en effet pas de whisky belge, les spécialistes en mar-keting voulaient simplement prouver l’im-pact de la publicité dans la presse.

Un calvaire

C’était sans compter l’interprétation très personnelle de ce coup de pub par Etienne. S’il existe un tel engouement pour le whisky belge, c’est qu’il doit certainement y avoir un

marché pour ce produit. Et il se sent capable de combler ce créneau en créant un vérita-ble whisky belge single malt. Le rêve est né mais sa réalisation est cependant une autre paire de manches. Etienne démarre aussitôt son projet. L’étude de marché du whisky et de son processus de production, la recherche des espèces d’orge belges adéquates et l’im-portation d’anciens fûts de Bourbon Heaven Hill de qualité se déroulent de manière assez aisée. Par contre, la recherche de fonds pour fnancer le projet se révèle être un véritable calvaire. Ce n’est que lorsqu’un ami décide d’investir ses économies dans le projet que les autorités wallonnes consentent à accor-der un prêt. Cinq années plus tard, en 2004, la distillation du premier whisky belge peut enfn commencer. Le nouveau spiritueux est rapidement mis en vente en ligne afn de gé-nérer le cash-fow nécessaire. Pour l’anecdo-te, et ce n’est pas une blague, l’auteur de cet article a été le premier à commander deux bouteilles.

Le rêve d’un homme

A Grâce-Hollogne, près de Liège, un homme est investi d’une mission. Etienne Bouillon ne veut pas et ne sera pas seulement le premier Belge à produire duwhisky singlemalt. Il s’est également fxé comme objectif d’égaler les plus grandes marques écossaises. Voici le récit d’un gentleman distillateur très persévérant.

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