Page 23 - Flipbook VINO 5-2011 FR (2)

Si les habitants des Marches sont tellement accueillants avec les étrangers, c’est paraît-il notamment parce qu’ils n’occupent pas toujours une place de choix dans le cœur de leurs compatriotes. “Il faut savoir,” raconte Gianpiero Rotini, de Casalfarneto, “que les Marches sont nées de l’unifcation des Etats pontifcaux. Nous, les gens des Marches, nous étions jadis connus pour être les percep-teurs des impôts du pape. Et les Italiens et le paiement des impôts, ce sont deux choses incompatibles. En Italie, ils ont donc un peu peur de nous. Chaque jour, nous es-sayons de nous défaire de cette réputation.“

Le climat et les cépages des Marches

Situées au centre de l’Italie, les Marches forment une ré-gion qui s’étend le long de la mer Adriatique. Depuis la petite ville de San Marino au nord, elle passe par Pesaro, Ancône et Macerata, pour s’achever au sud à Ascoli Pi-ceno. Au beau milieu du littoral se dresse le Monteco-

nero. A plus de 500 mètres d’altitude, il trône comme un phare au-dessus de la côte. Il est visible de presque par-tout dans les Marches et forme le superbe cap de Conero dans la mer.

Les principales vallées des Marches, celles des rivières Fo-glia, Metauro, Chiena, Esino et Cesano, sont orientées di-rectement vers la mer. L’idéal pour implanter des vignes ! Cette règle souffre une exception : la vallée de la Matelica, qui est parallèle à la côte et dans laquelle les vignobles sont situés à une altitude qui peut atteindre 500 mètres.

Si les étés peuvent être très chauds dans la région, le vent du nord-est (venant des Balkans) apporte de la fraîcheur la nuit. Cela explique aussi le succès des cépages blancs dans la région. Les Marches sont d’ailleurs l’une des rares régions viticoles d’Italie à produire plus de vin blanc que de vin rouge.

Le verdicchio est de loin le cépage le plus planté pour les vins blancs des Marches. Ce raisin tient en effet le haut de l’affche, aussi bien dans les régions de Jesi et de Ma-telica que dans la DOC Esino . On en fait également de bons spumante secs, suivant une méthode artisanale (le plus souvent encore sur des pupitres, comme on le faisait jadis en Champagne). Ce raisin est l’un des principaux cépages blancs sur la scène internationale et il est incon-

tournable en Italie. S’il est aujourd’hui encore le cépage le plus planté dans les Marches, c’est en raison d’une posi-tion de principe adoptée par l’Instituto Marchigiano et de la volonté de ses membres de donner la priorité absolue aux cépages autochtones. En 1996, nous avons réféchi ensemble et décidé à l’unanimité de ne plus planter de cépages internationaux. Cette unanimité était basée sur l’idée que les Marches ne seraient jamais capables de produire le volume nécessaire pour affronter le monde entier avec ces cépages (chardonnay, sauvignon, merlot, syrah…). Bien vu !

Les cépages autochtones moins courants sont le bianchel-lo (pour la DOC Bianchello del Metauro) et le macera-tino (pour la DOC Colli Maceratesi). Les cépages blancs

malvasia et trebbiano sont plantés pour des assemblages au niveau de l’IGT.

Pour les vins rouges, le roi, c’est le montepulciano. C’est le seul cépage du Conero Riserva et le cépage principal pour le Rosso Conero (dans lequel il peut être assemblé avec 15% de sangiovese). Dans les environs directs de la petite ville de Morro d’Alba, non loin de Jesi, le raisin noir

lacrima est la vedette du très typé Lacrima di Morro d’Al-ba. Un autre raisin noir, le vernaccia, produit trois vins rares: le mousseux demi-sec rouge Vernaccia di Serra-petrona DOCG , le sec rouge Serrapetrona DOC et le très structuré I Terreni di Sanseverino DOC. Ensem-

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La preuve du bond qualitatif: le trophée du Concours Mondial de Bruxelles 2011 décerné au meilleur vin blanc est allé à un Riserva Classico des Marches.

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