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4 VINO ! | N°1 | FÉVRIER - MARS 2014

EDITO

Le bio ne rapporte

pas plus que le vin normal. Et alors?

L’an dernier, le magazine français «Le Vigneron» constatait dans ses colonnes, sur un ton quelque peu alarmiste, que le prix du vin bio en vrac était à peine plus élevé que le prix du vin traditionnel. Quelques euros les mille litres. Autant dire rien du tout.

Le périodique en tirait deux conclusions. Tout d’abord, les milliers de vignerons en phase de conversion ne récu-péreront probablement pas leurs investissements, sans compter que les rendements en viticulture biologique sont généralement plus faibles qu’en traditionnel. Ensuite, ce manque de rentabilité pourrait bien mettre un terme à la vague bio, car, sachant cela, quel est celui ou celle qui prendrait de tels risques.

Le magazine aurait-il raison de penser que seule la préoccupation mercantile motive un vigneron traditionnel à se convertir au bio, à la biodynamie ou au naturel? Nous savons bien évidemment que ce n’est pas le cas. Et il n’est pas difcile d’identifer quelques autres motivations: respect de l’environnement et pour la santé, à commencer par celle du vigneron (dont les bronches et artères sont les premières victimes des pulvérisations) mais aussi tout simplement la préservation du terroir pour les générations suivantes. Les viticulteurs se rendent en efet compte qu’à ce rythme leurs propres enfants ne seront pas en mesure de produire du vin noble sur des sols pollués.

Mais en réalité, l’argument principal est tout autre: Il nous a été présenté par le Dr. Randolf Kauer, le seul professeur d’oenologie bio en Europe, lors d’une conférence à l’Institut de Geisemheim : «L’argument selon lequel le bio ne fonctionne pas a perdu de sa force durant ces cinq dernières années», explique Kauer, «aujourd’hui, nous voyons que la plupart des meilleurs domaines se convertissent à la viticulture biologique. Non pas pour préserver l’envi-ronnement ou pour stimuler leur image, mais beaucoup plus simplement, pour améliorer la qualité de leurs vins.»

D’où le «Et alors?» de notre titre: on ne se convertit pas au bio pour quelques euros de plus, mais bien pour la qualité du vin. A terme, cela rapporte toujours. Le professeur Kauer appelle toutefois à ne pas tirer de conclusions hâtives. Le bio n’est pas la solution suprême et ne fonctionne pas sur des mauvais sols ou avec de mauvais techniques. Sans oublier l’obligation de se continuer à se former en permanence. Mais, et c’est le principal, celui qui ne dispose pas des moyens nécessaires pour investir dans la certifcation, de bons conseillers ou les heures de travail supplémen-taires ne devrait pas commencer. Toutefois, et il faut alors retirer notre «Et alors ?», si les producteurs font appel à un fnancement externe, alors oui bien sûr la perspective d’un rendement plus élevé est importante. Sans moyens, la vague bio, et par extension la vague du développement durable, se limitera à l’avenir à quelques happy few. Mais ce serait une mauvaise nouvelle pour l’environnement européen et pour le consommateur de vin. Chère UE, vous n’auriez pas quelques subsides dans la caisse de l’agriculture ?

dirk.rodriguez@vinopres.com

février - mars 2014 | N°1 | vino ! 3

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