Page 16 - Flipbook Fr 1 2014

This is a SEO version of Flipbook Fr 1 2014. Click here to view full version

« Previous Page Table of Contents Next Page »

16 VINO ! | N°1 | FÉVRIER - MARS 2014

BIO:

LE SAUT QUANTIQUE

par Dirk Rodriguez / twitter @DirkRodriguez

“La biodynamie célèbre son 90 e anniversaire,” déclarait récemment Randolf Kauer, le seul professeur de viticulture biologique d’Europe, devant une assemblée choisie d’une dizaine de journalistes d’Europe du Nord, de Chine et des États-Unis, “mais nous vivons actuellement une petite révolution. Pourquoi? Parce que la viticulture et l’agriculture biologiques n’ont jamais aussi importantes qu’aujourd’hui.” Le ton est donné.

“Jusqu’il y a 5 ans, il existait un noyau dur qui prétendait que le bio ne fonctionnait pas", poursuit le professeur, “mais les arguments invoqués alors ne tiennent plus la route. Aujourd’hui, on constate en efet que même les meilleurs domaines ont amorcé leur conversion vers le bio. Ils ne le font pas à cause du climat ou pour leur image, mais tout simple-ment pour améliorer la qualité de leurs vins.”

En 2014, qualité et quantité se conjugueront. En Allemagne, s’il n’y avait en 2001 que 1.800 hectares certifés en agriculture biologique, dix ans plus tard, nous sommes à plus de 7000 hectares, soit une croissance exponentielle de 400%. Cela conduit bien évidemment à une augmen-tation du know how. Surtout que les vignerons qui travaillent en bio s’échangent volontiers leurs expériences techniques qui permettent d’obtenir de meilleurs produits. On pense souvent que les viticulteurs bio font le moins d’interventions possible dans leur vignoble, mais rien n’est moins vrai. Jusqu’à l’été, la vigne est maintes fois taillée, traitée et travaillée. Surtout en biodynamie où l’attention est de tous les instants et où de nombreux préparats sont utilisés : le 500 (bouse de corne), 501 (silice de corne), 502-507 (compost) et 508 (une décoction de prêle des champs utilisée en aspersion ou arrosage contre les maladies cryptoga-miques et les parasites), sans parler des composts de bouse d’après Maria Tun (CBMT) ainsi que de nombreuses sortes de “thés”.

Trois ingrédients

Pour le Prof. Kauer, il n’est pas conseillé de se lancer dans la viticulture biologique sans connaissance préalable. Pour réussir, il faut en efet com-biner trois ingrédients : motivation, connaissances et moyens. La motivation tout d'abord est absolument nécessaire, car en dehors du travail de la vigne en tant que tel, il faut également énormément lire et étudier. “Ce n’est pas un hasard si nous trouvons souvent des gens

très instruits dans les vignobles biologiques”, note le professeur. C’est d’ailleurs valable pour tout le personnel de l’entreprise qui doit en per-manence actualiser ses connaissances.

En second lieu, une bonne connaissance des variétés du terroir et des cépages. Il est en efet préférable de travailler en bio dans un climat (au sens bourguignon du terme) qui ne présente que peu de problèmes. Les variétés résistantes doivent être préférées aux plus sensibles.

Enfn, il faut également être prêt à investir, tant en moyens fnanciers qu’en temps, car, outre le coût de la certifcation, le bio nécessite beau-coup plus d’heures de travail qui ne peuvent malheureusement être valorisées dans le prix du vin.

Porte-greffes américains et terres mortes

De nombreuses maladies de la vigne que nous connaissons en Europe, comme le mildiou, sont arrivées en même temps que les porte-grefes américains introduits pour combattre le phylloxéra durant la seconde moitié du XIXe siècle. Durant l’entre-deux-guerres, le meilleur remède contre ces maladies a été l’usage de sulfte de cuivre. Dans l’agriculture conventionnelle, 1 seul kilo par hectare et par an s’est révélé sufsant. Dans la viticulture, il a fallu parfois plus de 100 kilos! À votre santé... Conséquences : certaines terres d’aujourd’hui peuvent être considé-rées comme “mortes”, tuées par un excès de cuivre. Les esprits critiques aiment souligner que le sulfte de cuivre est toujours utilisé contre le mildiou dans la viticulture “classique” bio, c’est certain, mais la quantité autorisée par la législation européenne est aujourd’hui de 6 kilos pour le conventionnel et seulement de 3kg pour le bio. Et un sol “vivant”, en bonne santé, avec beaucoup de vers, digère le cuivre beaucoup mieux qu’un sol “mort”.

Page 16 - Flipbook Fr 1 2014

This is a SEO version of Flipbook Fr 1 2014. Click here to view full version

« Previous Page Table of Contents Next Page »