Page 95 - Flipbook VINO FR 1-2012

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entières. A titre d’exemple, nous pouvons citer Cognac et Bordeaux qui ont beaucoup souffert d’un accroissement trop rapide de leur vignoble. Cette expérience nous im-pose donc de nous battre pour revenir sur ses textes communautaires. Nous le faisons avec nos homologues italiens, espagnols, portugais, hongrois notamment afn d’ob-tenir une majorité qualifée au Conseil des Ministres européens.

BS: Tous les états membres se sont-ils ex-primés sur le sujet?

BF: Pas encore, mais 13 états l’ont déjà fait clairement. En France, nous comptons fer-mement sur notre Ministre de l’ Agriculture pour obtenir l’accord de quelques pays sup-plémentaires pour rassembler cette majori-té qualifée. Il en a la capacité...et nous ten-tons de le motiver par nos actions sur le ter-rain....

BS: Mathématiquement, quelles sont les forces en présence au niveau européen?

BF: Les états membres contre la libérali-sation des droits de plantation sont Alle-magne, France, Italie, Espagne, Portugal, Hongrie, Autriche, Roumanie, Luxem-bourg, Chypre, République Tchèque, Répu-blique Slovaque et dernièrement la Grèce. Parmi ceux qui ne se sont prononcés:

Producteurs de vin: Bulgarie, Slovénie et Malte.

Non producteurs de vin: Royaume-Uni, Suède, Pologne, Lituanie, Lettonie, Esto-nie, Belgique, Irlande, Finlande, Danemark et Pays-Bas.

BS: N’est ce pas purement et simplement une vision nord-européenne face à une pro-ductivité sud-européenne en plein doute?

BF: Jusqu’ en 2008, le type d’organisation de la viticulture à l’australienne était le mo-dèle qui semblait pour certains le seul ca-pable de répondre aux attentes des consom-mateurs et le seul qui permette de produire de la richesse à l’avenir. Le vieux monde semblait empêtré dans ses références aux origines géographiques et ses petites entre-prises. Nous voyons aujourd’hui un pay-sage viticole international qui a changé. Des pays modèles il y a peu, sont en diffculté et d’autres se redressent par un attrait sur leur vins notamment en Asie. La vigne est une production de cycles longs voire très longs, nous ne pouvons pas gérer cette f-lière sans outil de pilotage effcace et rigou-reux. En outre, des milliers d’emplois sont concernés.

BS: Existe-il une confédération européenne à l’instar de la Cnaoc pour la France?

BF: Oui, il s’agit d’EFOW (European Fede-ration Origin Wines) qui regroupe les struc-ture nationales italienne, espagnole, portu-gaise, hongroise et la Cnaoc pour la France.

BS: Une fois n’est pas coutume, toutes les régions françaises sont-elles unanimes sur cette opposition à la libéralisation?

BF: Toutes se sont exprimées contre cette li-béralisation et elles mobilisent leurs élus sur le sujet. Le ministère reçoit des centaines de

courriers d’élus, maires, conseillers géné-raux, régionaux, députés, sénateurs qui se mobilisent pour ce combat déterminant.

BS: Avec l’ouverture des marchés asia-tiques, beaucoup de professionnels se sont rendus compte qu’il fallait à tout prix se prémunir face aux contrefaçons?

BF: En effet, des désillusions peuvent sub-venir si le producteur ou le négociant n’a pas pris des précautions avant de pénétrer ces marchés aux codes bien différents de nos marchés occidentaux. C’est pourquoi, il est impératif de déposer sa marque com-merciale dans ces pays si on ne veut pas al-ler au devant de graves déconvenues. Mais nous avons aussi besoin que nos adminis-trations française et européenne nous ai-dent en renforçant la protection de nos signes de qualité que sont nos appellations.

BS: Quels sont les autres grands chantiers entrepris par la Cnaoc?

BF: La France est en année de campagne électorale et nous sommes très attentifs aux risques d’évolution de la fscalité sur le vin. Nous sommes aussi, en 2012, sur la ré-forme de la PAC (Politique Agricole Com-mune) et la viticulture, n’est pas absente de ce débat avec des enjeux fnanciers impor-tants pour améliorer la compétitivité des entreprises.

BS: La Cnaoc a-t-elle une mission d’assis-tance et de conseil dans le vignoble fran-çais?

BF: La veille règlementaire et l’appui juri-dique de la CNAOC sont des missions d’as-sistance et de conseil, cela fait partie de son coeur de métier !

BS: La restructuration est donc une prio-rité?

BF: la restructuration du vignoble est en ef-fet une priorité pour beaucoup de régions. C’est pourquoi la Cnaoc soutient fortement cette mesure porteuse d’avenir et dans le droit fl de la gestion effcace d’une flière, évoquée précédemment.

BS: On ne parle que de la production mais la Cnaoc a-t-elle aussi une mission péda-gogique de la consommation?

BF: Cette mission a été déléguée à Vin et Société qui regroupe toutes les interprofes-sions et toutes les organisations nationales de la viticulture et du négoce. Mais ce tra-vail de fourmi est souvent porté par les syn-dicats d’appellations, les interpros et sur-tout par les viticulteurs eux-mêmes !

BS: En ce début d’année, quel est, en votre qualité de président de la Cnaoc, votre voeu le plus cher?

BF: Ce voeu sera que nos dirigeants poli-tiques en Europe dotent celle-ci des moyens de se redresser. Il y a urgence !!!

BS: Pour terminer, revenons à Bordeaux.. Peut-on dresser un premier bilan écono-mique de l’année 2011?

BF: 2011 aura été marqué à Bordeaux par un redressement très net de notre commer-cialisation, tirée par une reprise sensible de nos exportations.

L’Asie est aujourd’hui une place forte des vins de Bordeaux, la Chine et Hong Kong représentent maintenant 25% de nos vo-lumes exportés et nos chiffres ne cessent de croître. Pour les pays traditionnellement clients de Bordeaux et la Belgique en parti-culier le bilan est positif: Etats Unis + 29%, Allemagne +9%, Royaume Uni +13%, Bel-gique +9%, avec un deuxième semestre à + 17%, confrment ce redressement.... Toutefois, ce dynamisme retrouvé et la santé incroyable de nos Grands Crus ne doivent pas faire oublier que beaucoup de proprié-tés ont gravement souffert du ralentisse-ment brutal de nos ventes en 2009 et 2010!

BS: Quelques perspectives économiques pour Bordeaux en 2012?

BF: Cette année s’ouvre avec un niveau de stock enfn redevenu normal sur un marché sain. La récolte 2011 est de qualité avec des volumes en baisse.

Nous sommes probablement sur le point d’entrer dans un nouveau cycle, avec une situation plus favorable que celle connue depuis 5 ou 10 ans et avec de nouveaux marchés prometteurs.

L’optimisme raisonné est donc de rigueur mais attention, ne lâchons pas notre sur-veillance de chaque instant, restons très vi-gilant et à l’écoute du marché ...

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