Page 94 - Flipbook VINO FR 1-2012

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BS: Contrairement à l’Inao (Institut Na-tional des Appellations d’Origine), la CNAOC est moins connue des profession-nels an aval de la production?

BF: En effet, l’INAO est très bien identi-fée par les professionnels car l’Institut a eu jusqu’en 2008 ( date de la réforme de l’agré-ment) des agents très présents sur le terrain. De plus, son rôle de contrôle le mettait au contact de chaque viticulteur. Aujourd’hui, son rôle a évolué, mais les professionnels identifent encore clairement l’Inao. La Cnaoc, par contre, est une confédéra-tion. Les viticulteurs la connaissent peu puisque leur interlocuteur direct est le syn-dicat viticole. Cependant, ce syndicat a des problèmes à résoudre parfois identiques à ses voisins dans la région ou dans les autres zones viticoles françaises. La confédération et son rôle sont par contre relativement mé-connus des professionnels de la distribu-tion et des autres partenaires de la flière. Un exemple de son indispensable utilité… Quand la Cnaoc a pris à bras le corps le su-jet du coupage du rosé que voulait autori-

ser la Commission Européenne, aucun syn-dicat, seul dans son coin n’aurait pu aboutir à ce qui a été une très grande victoire pour les vignerons ! Voilà un exemple concret de la nécessité d’une structure nationale dotée de compétences et d’expertise pour aborder des sujets communs.

BS: Toutes les régions viticoles françaises y sont donc représentées?

BF: Oui, elles y siègent toutes à travers leur fédération régionale.

BS: La CNAOC à donc une place privilé-giée dans l’univers économique du monde du vin en France?

BF: Cette structure est en charge de repré-senter toutes les AOC viticoles françaises auprès de l’état. Ce rôle lui donne de l’au-torité, mais aussi beaucoup de devoirs. Il ne sufft pas de râler ou de crier pour faire avancer un dossier, il faut beaucoup de tra-vail à nos permanents pour permettre ces avancées.

BS: La libération des droits de plantations souhaitée par l’Union Européenne est le dossier dont on parle beaucoup ses der-niers temps!

BF: Oui, c’est LE DOSSIER du moment, même s’il nous occupe depuis presque 2 ans. La disparition programmée des droits de plantation au 31 décembre 2015 est une catastrophe assurée pour notre flière viti-cole et sa structuration en de nombreuses entreprises familiales. La décision prise par la Commission en 2008 a été construite dans un contexte économique et politique radicalement différent de celui qui est le notre aujourd’hui. La crise fnancière puis la crise économique et enfn la crise des dettes souveraines en Europe, nous ont montré que le mot régulation n’était pas un gros mot.

La CNAOC se bat donc pour réintroduire dans les textes communautaires un outil de régulation du potentiel de production. Nos marchés sont fragiles et il sufft de désé-quilibres parfois très faibles pour dégrader lourdement la santé économique de régions

Interview avec le nouveau président de la CNAOC Bernard Farges

La Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vins d’ Appellations d’Ori-gine Contrôlées (CNAOC) est la confédération syndicale et professionnelle qui regroupe par le biais de fédérations régionales l’ensemble des syndicats viticoles d’AOC françaises. Créée en1924, elle est présidée depuis novembre 2011 par le jeune et dynamique Bordelais Bernard Farges, notamment président de l’ODG des vins de Bordeaux. Succédant au truculent angevin Pierre Aguilas, il a devant lui de vastes chantiers qui ne peuvent attendre...

Texte et photos: Bernard Sirot