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Bernard Sirot: Démarrage de mandat très dif-cile pour un vigneron aussi proche que vous du vignoble et de ses producteurs..

Bernard Farges: En efet, début de mandat compliqué avec des dégâts considérables sur le vignoble suite à deux orages de grêle exception-nels. Mais c’est avant tout pour les propriétaires qui ont vu leurs récoltes ravagées en quelques minutes que la situation est grave. La plupart ne sont pas assurés et cela veut dire pour certains d’entre-eux une perte de 80 à 100% de leur récolte cette année. C’est économiquement et morale-ment particulièrement dur…

BS: Le millésime 2013, en plus, n’a pas bénéfcié jusqu’à présent à Bordeaux d’une climatologie classique…

BF: L’année climatique de ce millésime est très particulière. Un printemps froid et humide jusqu’à fn juin a retardé le cycle de la vigne et sérieusement perturbé la foraison sur le merlot entraînant un baisse importante de la production de ce cépage rouge , le plus présent à Bordeaux. Nous allons vendanger au minimum environ 15 jours plus tard que les années récentes ( autour du 15 septembre pour les blancs secs, vers les 25 -30 pour les premiers rouges). Cela nous ramène à des dates de vendanges que nous connaissions dans les années 80-90... Nous faisions, à l’époque, de très beaux millésimes. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter à ce jour...

BS: Bordeaux depuis quelque temps se porte mieux. Le plan «Bordeaux demain» initié il y a trois ans a conscientisé semble-t-il les professionnels et des mesures salutaires semblent avoir été prises…

BF: Si Bordeaux se porte mieux c’est avant tout parce que les viticulteurs et les négociants ont su vendre davantage de vin après la crise de 2008 qui avait provoqué un ralentissement brutal de nos ventes et généré un accroissement de nos stocks. Les mesures fortes de régulation de marché prises dans le Plan Bordeaux ont permis aux viticul-teurs et négociants d’accompagner leur travail commercial.

Tant que nous avions un marché alourdi par des stocks trop importants, tous nos eforts de com-munication, de marketing étaient pénalisés par une sorte d’anarchie sur les marchés.

BS: Les professionnels de Bordeaux, sous l’égide du Civb, se sont donc posés les bonnes questions…

BF: Oui, nous le croyons ! Nous nous sommes parlés, nous nous sommes heurtés et nous avons beaucoup travaillé. Tous ensemble, nous avons réussi a poser un diagnostic commun. C’était im-pératif pour bâtir ensuite des solutions efcaces. Alain Vironneau a lancé la démarche. Le diagnos-tic fut posé lors de sonmandat il y a plus de quatre ans. Et puis, son successeur, Georges Haushalter a

mis en œuvre les actions défnies. Leur rôle res-pectif, leur engagement furent déterminants !

BS: Votre parcours professionnel est particulière-ment riche et varié. C’est une chance indéniable pour vos nouvelles attributions...

BF: Je ne sais pas si c’est une chance… En tout cas ces diférentes responsabilités sont autant d’expériences et de contacts noués dans la flière qui peuvent me permettre d’aller plus vite pour espérer résoudre des problèmes...

BS: L’organisation du marché du vrac qui repré-sente à Bordeaux 51% des volumes mis enmarché, est une priorité auquelle vous allez vous attacher particulièrement?

BF: Ce sujet est bien entendu essentiel. Il a été l’un des principaux axes de travail du Plan Bor-deaux depuis trois ans avec de vraies réussites, notamment le retour à l’équilibre de nos disponi-bilités. Il nous faut aller maintenant plus loin avec la mise en place de contrats interprofessionnels pluriannuels qui permettront aux négociants et aux viticulteurs de développer de vrais partena-riats sur la durée. Chaque entreprise a besoin de stabilité pour bâtir ses projets, qu’ils soient à la production ou à la distribution.

BS: Pour Bordeaux, le temps de la reconquête est donc arrivé?

BF: Bordeaux est une place forte du vin et cette place est très diverse. Parmi les tendances lourdes que nous observons c’est la part de plus en plus forte de nos exportations dans chacune de nos appellations qui est prépondérante. C’est bien à la reconquête que nous assistons...mais aussi à la conquête de nouveaux marchés !

BS: On ne parle plus à Bordeaux que de la Chine. Un véritable éden pour la production bordelaise?

BF: Non il ne s’agit pas d’Eden (d’ailleurs l’histoire a mal fni...), mais tout simplement d’un marché qui s’est développé très vite. A un moment où la crise économique européenne a pénalisé notre activité. Ce relais de croissance a été salutaire, il nous faut maintenant digérer cette croissance et ce marché va devenir mature. Néanmoins, nous avons toujours beaucoup plus de propriétaires Belges à Bordeaux que de propriétaires Chinois....

BS: Les marchés traditionnels et notamment la Belgique se stabilisent. Concurrence et prix des vins sont cependant mis en cause par certains professionnels belges. Qu’en pensez-vous?

BF: Le marché Belge repart même à la hausse de-puis peu et ce depuis un point bas en 2010. C ‘est bien sûr une excellente nouvelle pour ce grand marché traditionnel pour nous.

BS : Et pour les Pays-Bas, plus ouvert aux vins du Nouveau Monde…

BF: Dans ce pays, nos concurrents sont très agres-sifs sur les prix et cela depuis longtemps...Cette bagarre ne nous est pas favorable et c’est vrai que nous peinons sur ce marché. Nous allons devoir y réféchir sérieusement.

BS: Les vendanges vont bientôt commencer à Bordeaux. Avec cependant un retard conséquent. Qu’attendez-vous de ce millésime 2013?

BF: Comme nous l’avons évoqué précédemment, ce millésime sera tardif avec des volumes en nette baisse. Nous aurons donc probablement un mil-lésime très «bordelais» c’est à dire des vins qui ne seront pas marqués par les efets de vendanges précoces et donc parfois un peu chaudes...

BS: Ce n’est plus un secret pour personne. Une grande fête des Vins de Bordeaux est prévue en 2014 à Bruxelles. Comme à Bordeaux, Montréal ou en Chine. Quels en sont les objectifs?

BF: Les objectifs de ces Fêtes des Vins de Bordeaux sont de se rapprocher des consommateurs. De mettre les amateurs de nos vins au contact de nos viticulteurs et de nos négociants dans une ambiance festive, conviviale et de partage autour de nos produits.

Évidemment Bruxelles était une ville où nous souhaitions créer cet évènement. C’est très important que la première Fête des Vins de Bor-deaux en Europe se déroule à Bruxelles !! C’était une évidence !!

BS: Pour terminer, quel est votre souhait profes-sionnel le plus cher?

BF: Ce serait que nos responsables politiques français considèrent le vin comme une partie de notre patrimoine le plus cher et qu’à ce titre ils en soient les ambassadeurs. Il faut qu’ils soient davantage conscients de ce que peut apporter la culture du vin, c’est à dire le partage, l’échange, le savoir faire, l’environnement, la qualité. L’en-thousiasme des élus des villes étrangères qui ac-cueillent les Fêtes du Vin est pour nous une vraie leçon et un encouragement à porter nos messages auprès de tous les élus.

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