Page 6 - Flipbook VINO 5-2011 FR (2)

Depuis qu’Avignonesi est entre les mains de la Belge Virginie Saverys , ce fameux Vino Nobile de Montepulciano a le vent particulièrement en poupe. Après le rachat de 16 hectares supplé-mentaires en juin, ce sont 9,5 hectares de la réputée Tenuta Valdipiatta, pro-ductrice du célèbre single vineyard Vino Nobile Alfero (voir Vino n°2 - 2009), qui ont été repris. Virginie Saverys s’en explique dans un communiqué:

«Depuis que j’ai repris Avignonesi, la priorité est l’intégration de nouveaux vignobles dans le domaine existant. La demande d’ex-portation augmente chaque année et nous devons répondre à cette attente.» L’œnologue en chef d’Avignonesi, Laura Lenzi, ajoute que les nouvelles acquisitions sont bien réparties à l’Est de la colline de Montepulciano et au Sud dans la vallée. La majeure partie des vignes acquises (7 ha) sont situées en zone DOCG au sein de l’appellation Vino Nobile, et le reste en zone DOC Rosso di Montepulciano. Laurent Chantraine, de Licata, importateur d’Avignonesi et de Valdipiatta en Belgique, avance une explica-tion sur les raisons qui ont poussé Valdipiatta à vendre une par-tie de ses vignes : «Pour une petite entité comme Valdipiatta, il n’est pas évident d’être présent sur différents marchés internatio-naux. Les coûts dépassent sans doute les bénéfces. Entre-temps, Avignonesi cartonne, aussi bien en Suisse qu’en Belgique et aux Etats-Unis.» (dr)

Investir en bourse n’est pas sans risques de nos jours. Et accu-muler de l’épargne n’offre pas davantage de garanties. Non seu-lement, cela ne rapporte presque rien comme intérêts, mais on ne sait même pas si l’euro existera encore dans un an ! D’où le succès de l’or. Il est vrai qu’il est lourd et qu’il nécessite la location d’un coffre robuste, mais c’est une valeur sûre lorsque l’infation menace et que les nuages s’amoncellent. Mais malgré tout, il n’est pas, lui non plus, à l’abri d’une baisse soudaine. Dès que les bour-ses et les banques auront retrouvé la confance, la valeur de l’or fondra comme neige au soleil. Et le vin ? La crise précédente nous a appris que le vin de luxe voit à peine sa valeur baisser. Lors du tumultueux dernier mois d’août, la valeur des plus grands vins a baissé de 4,0% (Source: Liv-Ex 100 Market Report Septembre). Et cette baisse est surtout due au Lafte 2008, 2005 et 2003, sans lequel les résultats auraient été meilleurs encore. On sait aussi que la valeur des plus grands vins a augmenté de 13,5% sur une base annuelle (septembre 2011 par rapport à septembre 2010) et a plus que doublé en cinq ans (+109,8%). En d’autres termes: les vins de luxe se comportent une fois de plus beaucoup mieux que la bourse. Cela signife-t-il pour autant que ces vins sont actuelle-ment conservés ? C’est la question que nous avons posée à l’un des

Stefaan Van den Bossche, de Divino (Termonde). «C’est étrange, mais je constate plutôt le contraire. Il y a deux moments où je reçois énormément de propositions : pendant les crises fnancières et en fn d’année. J’ignore pourquoi, parce que pour quelqu’un qui a beaucoup d’argent, c’est une bonne chose de placer une partie de ses avoirs dans de grands vins. C’est une sécurité. La stabilité des prix des vins s’explique notamment par le fait que le vin est nettement moins fuctuant que les actions. On ne vend pas son Lafte à la va-vite pace que son prix a subitement augmenté de 2% en une journée.» Le cliché qui veut que tous les plus grands vins partent vers l’Est est-il encore de mise? Van den Bossche: «Absolument. Même lorsque vous vendez en Angleterre, la destination fnale, c’est malgré tout Hong-Kong, la Chine ou de plus en plus souvent la Russie. Et le cliché des meilleurs vins de Bordeaux se vérife aussi. Il ne faut pas proposer un grand Châteauneuf ou des super-Toscans, mais seule-ment les cinq 1 er Grands Cru Classés et leurs remplaçants de luxe comme Las Cases, Lynch-Bages ou la Mission Haut-Brion. Sur la rive droite, surtout Cheval Blanc, Ausone, Petrus et Lafeur-Petrus. Auxquels il faut bien entendu ajouter La Romanée-Conti.» (dr)

Ce n’est pas éton-nant, avec des prix insensés, les grands crus, s’ils font rêver, ils font aussi envie ! La contrefaçon s’en donne à cœur joie, principale-ment à l’étranger, notamment en Asie où les consommateurs sont moins initiés dans la connaissance de ces bouteilles d’exception. Comme tous les produits de luxe les grands bordeaux sont dans le collimateur des faussaires. Plus d’une trentaine de contentieux sont sur le bureau de CIVB, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bor-deaux.

Toutes les astuces sont bonnes, comme la collecte des vidanges dans la restauration où les Pétrus, Haut-Brion, Pauillac et autres grandes étiquettes sont très convoitées. Depuis quelques années cependant la riposte bordelaise s’organise. Le Château Margaux où les prix atteignent plus de 1000 euros la bouteille, est dans la ligne de tir, aussi Olivier Chotard, le responsable de la traçabi-lité commente: «Nous utilisons le code à bulles de Prooftag, une protection sur la bouteille visible par le client, désormais partie prenante à la lutte» Produire 400.000 bouteilles, cela mérite une prise de conscience. Et Olivier Chotard de poursuivre: «Ce scellé hightech, complète d’autres dispositifs de sécurité plus discrets et connus seulement par le château, comme un code à neuf chiffres gravé au laser au pied de la bouteille ou un texte inséré dans l’éti-quette, avec l’espoir de la rendre non reproductible». «Apposé sur la bouteille, ce scellé, avec son identifant est son ADN. Le tout est renseigné dans une base de données» précise le département vins et spiritueux de Prooftag dont le nom signife: la preuve par le tag (en anglais). Cette PME de Montauban est spécialisée pour sécuriser des documents (passeports, cartes grises…). «Au bout du monde, un client photographie le scellé avec son smartphone et vérife sur notre site si le code à bulles correspond.» (www. chateau-margaux.com) (lh)